Homélie de Mgr Vincent LANDEL

Sainte Germaine 2020

Aujourd’hui, nous voulons honorer Ste Germaine, en raison des conditions sanitaires, nous le faisons petitement, mais avec tout notre cœur. Nous aurons surement voulu la célébrer comme nous le faisions les années passées, mais en restant dans la simplicité de l’aujourd’hui, nous voulons être solidaires, à notre façon de tous nos frères et sœurs humains, en faisant attention aux uns et aux autres, n’est-il pas là le geste du masque.. Mais quel que soit la manière dont nous la célébrons, nous voulons manifester qu’elle est pour nous une lumière qui nous mène vers Dieu.

En nous remémorant sa vie, n’avons-nous pas l’impression que nous avons à contempler la manière toute simple dont Dieu veut se servir pour se faire connaître et pour dire à toute l’humanité son amour, depuis l’Incarnation.

Dans la vie de Germaine, ne sommes-nous pas dans la même dynamique que le jour de l’Annonciation où Dieu se choisit une jeune femme de Nazareth pour devenir la Mère de son Fils.

Dieu se choisit une « humble servante » comme le dira Marie dans son Magnificat. Germaine n’est-elle pas à sa façon cette humble fille de Pibrac, sans aucune prétention et en plus affublée d’un handicap physique qui la rendra repoussante pour certains habitants de Pibrac de l’époque. Du temps de Germaine, Pibrac n’était pas plus connu que Nazareth à l’époque de Marie. Que pouvait il sortir de Nazareth, que pouvait il sortir de bon de Pibrac, du temps de Germaine.

« Dieu disperse les superbes, il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles », Marie ne va pas prier ces versets dans un quelconque esprit de vengeance, elle constate dans toute l’histoire du Peuple Hébreux ce qui s’est passé….les petits, les pauvres, les laissés pour compte, les volontairement oubliés, les exclus….ont été les choisis de Dieu pour guider le Peuple, pour sauver son peuple, pour redonner courage à ce peuple, en quelque sorte pour être le témoins d’un Dieu qui n’abandonne pas son peuple, qui est toujours fidèle. C’est vrai, c’est toujours Dieu qui est Lumière, mais il a toujours voulu se servir d’instruments humains qui agissent en son nom. Marie n’a -elle pas été l’un de ces instruments humains, fondamental puisque qu’elle a donné naissance à ce Sauveur, révélation de l’Amour de Dieu à tous les hommes.

Dans toute cette relation entre Dieu et Marie, ne pouvons-nous pas contempler en même temps la relation de Dieu avec Germaine. Cette jeune orpheline, maltraitée par la seconde femme de son papa, malade, oubliée, qui ne savait pas grand-chose des « grands », elle ne savait ni lire ni écrire…ne sachant pas grand-chose sur Dieu, car c’est tout juste si on l’a accepté pour suivre le catéchisme. Laissé de côté, il ne fallait surtout pas qu’elle partage toutes les joies de la vie familiale ; vraiment au rebut, tout comme une esclave juste bonne pour garder les brebis.

Mais malgré tout ce rejet de la société des hommes, elle avait su découvrir dans la simplicité de son cœur l’amour de quelqu’un qui l’aimait, ce Jésus qui, lui ne l’avait pas rejeté. Elle lui faisait une telle confiance qu’elle n’hésitait pas à lui confier son troupeau pour pouvoir aller non seulement le rencontrer à l’Église, mais surtout le recevoir dans l’Eucharistie.

Et en voyant son attitude, nous rejoignons une grave question que nous nous sommes posées durant le confinement et que le Président de la Conférence épiscopale de France a relevé mercredi dernier : « Que cherchons-nous dans la communion sacramentelle ou plutôt qu’y recevons nous ? Peut-elle être dissociée du « sacrement du frère ». Le désir ardent de la communion sacramentelle ne trouve toute sa vérité qu’en nourrissant la charité qui édifie le Corps du Christ ». Germaine n’explicite-t-elle pas ce sacrement du frère par ce pain qu’elle distribuait aux pauvres, au grand dam de sa marâtre, et qui se transforma en fleurs. Ce sacrement du frère n’est-il pas aussi explicité par tous ces enfants qui venaient écouter Germaine leur parler de ce Jésus qu’elle aimait. Des grands du village n’étaient pas très d’accord que leurs enfants fréquentent cette jeune fille tellement différente des autres, mais elles les attiraient, ou plutôt Jésus les attirait, et ils voulaient savoir. Par sa vie, toute simple elle témoignait, elle était transparence de Jésus. N’est-ce pas pour nous un appel à témoigner encore aujourd’hui.

Nous aussi, aujourd’hui, nous voulons, avec Germaine, mieux connaître qui est ce Jésus, qui jette les yeux sur ses « humbles serviteurs », et qui relève les pauvres.

Amen

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