Le nom même de Germaine est lié au « germe », c’est-à-dire à ce qui germe, qui germine, qui bourgeonne. C’est un nom de printemps, de germination et d’espérance. En même temps le mot, comme adjectif, qualifie ce qui est authentique, vrai, naturel. Enfin, nous savons ce qu’est un cousin germain ou une cousine germaine : ils nous sont proches. Tout cela est positif, tonique et vivifiant, ce qui nous fait du bien en ces semaines où il semble que le coronavirus relâche son étreinte. Prions sainte Germaine pour qu’elle nous libère de ce fléau.
Pourtant, Germaine dans sa vie nous apparaît chétive, oubliée. Revient à ma mémoire en pensant à elle le grand Chant du Serviteur souffrant : Devant lui, le Serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride. Il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire (Is53, 3).
L’évangile de dimanche dernier, propre à saint Marc, évoque cette semence qui pousse, on ne sait comment : Il en est du règne de Dieu, dit Jésus, comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment ». Ainsi en est-il de notre sainte Germaine, chez qui et par qui le règne de Dieu s’est manifesté par cette sainteté du quotidien dont le pape François nous a parlé : « Il s’agit d’être centré, solidement axé sur Dieu qui aime et qui soutient. Grâce à cette force intérieure, il est possible d’endurer, de supporter les contrariétés, les vicissitudes de la vie, et aussi les agressions de la part des autres, leurs infidélités et leurs défauts. Voilà la source de la paix qui s’exprime dans les attitudes d’un saint » (Gaudete et exsultate, n. 112). Cette graine, ce germe caché, mais plein de vie et d’espérance a su traverser toutes ces vicissitudes et grandir sans bruit. Comme on l’a dit : son histoire sort vraiment de son tombeau. Et c’est ainsi que nous pouvons entendre à nouveau les paroles pleines de poésie d’Ézéchiel que nous entendions dimanche dernier et qui sont le contrepoint du Chant d’Isaïe que nous avons évoqué : À la cime du grand cèdre, je prendrai une tige ; au sommet de sa ramure, j’en cueillerai une toute jeune, et je la planterai moi-même sur une montagne très élevée. Elle portera des rameaux, et produira du fruit, elle deviendra un cèdre magnifique. En-dessous d’elle habiteront tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux, à l’ombre de ses branches ils habiteront. Je suis le Seigneur, j’ai parlé et je le ferai. (17, 22-24).
Voilà l’œuvre du Seigneur en notre sainte Germaine. Elle est une des saintes canonisées au XIXe siècle : c’était en1867 par le Bienheureux Pie IX, et c’est la seule Française canonisée de son long pontificat. Comme Jésus, enfouie dans la terre sainte de l’église de Pibrac, elle est élevée aux honneurs des autels, d’où elle continue de nous attirer vers le Règne de Dieu. Nous venons nous abriter à l’ombre de ses branches ; nous chantons la gloire de Dieu, nous la chantons, notre Germaine si chère. Amen