NOTRE SAINTE DE CŒUR (texte du père Jean-Luc Morin, SCJ).
Après un printemps incertain, la chaleur revient. La fin de l’année pastorale pointe le bout de son nez. Juin nous propose son traditionnel rendez-vous, les fêtes de Sainte Germaine, du vendredi 14 soir au dimanche 16 après-midi. Belle occasion de redécouvrir la petite bergère si proche, et si nécessaire pour revenir au cœur de la foi dans le concret de nos vies.
Avant les faits miraculeux qui l’ont rattrapée longtemps après sa sépulture, bien avant l’engouement populaire et la construction d’un édifice surdimensionné par rapport à son humilité, que retenir, au fond, de Germaine Cousin ? – La figure d’une gamine mal-fichue, maltraitée, malaimée, qui en retour n’a jamais cessé d’aimer. C’est que Germaine aimait, avec une simplicité et une ardeur obstinée. Elle aimait Jésus et son prochain. Elle l’aimait plus particulièrement dans le pauvre, plus pauvre qu’elle à ses yeux, rencontré en chemin.
Voilà de bonnes raisons de la prier, de l’imiter et de « jubiler », particulièrement en ce 350e anniversaire des apparitions du Cœur de Jésus à sainte Marguerite-Marie. Moins de trente ans après la mise au jour du corps intact d’une petite paysanne à Pibrac (décembre 1644), le Seigneur est apparu à une jeune visitandine du couvent de Paray-le-Monial (décembre 1673 – juin 1675). Au cours de ce qu’on appelle « la grande apparition », il s’est révélé à Marguerite-Marie Alacoque par ces mots : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que l’ingratitude. »
Cette confidence a traversé les siècles, et n’en finit pas de résonner. Dieu le Fils poursuit toujours l’humanité d’un amour inconditionnel. Il est passionné de notre bonheur, tourmenté de notre salut, au point de subir la Passion pour nous. Mais les hommes restent indifférents. Pire, ils continuent d’attrister le Seigneur en se détournant de lui, et en s’entredéchirant. Bref, l’Amour n’est pas aimé. Dès lors, comment ne pas vouloir réparer, consoler, Lui « rendre amour pour amour » ?
L’appel du Cœur de Jésus ne peut rester sans réponse dans l’Ensemble paroissial du Courbet (Brax, Léguevin, Pibrac), confié à une communauté du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram. Mais surtout, parce qu’à sa manière, notre sainte de cœur a devancé ces révélations du Sacré Cœur. Elle a incarné, par toute sa vie cachée, donnée, ce cœur blessé qui ne cesse de battre pour l’amour de Dieu et le bien de ses frères.
À nous, selon le thème d’année du pèlerinage, de nous mettre en route « avec sainte Germaine, vers un cœur à Cœur ». À l’école de la pastourelle, entrons dans un dialogue intime avec le Dieu des petits et des pauvres. Ils n’en manquent pas aujourd’hui : que de misères matérielles, affectives, psychologiques, culturelles, spirituelles, en nous et autour de nous !…
Remontons donc à la source de la miséricorde. Abreuvons-nous. Devenons ses témoins en Haute-Garonne et alentour, partout où le Christ veut faire de nous ses disciples avec de sacrés cœurs.
Jean-Luc Morin, SCJ